CAP CREUS
Cap de Creus : les bateaux priés de jeter l'ancre ailleurs
Le 01 novembre à 15h15 par Thierry Bouldoire | Mis à jour le 01 novembre

Coup de tabac sur le Cap de Creus. La Generalitat veut imposer une limitation du nombre de bateaux dans des criques du parc naturel, qui s’étend de Port de la Selva au nord (cala Tamariua) à l’entrée de la baie de Rosas au sud (punta Falconera). Objectif : protéger le milieu et les fonds marins menacés par la surfréquentation nautique.
En plein été, jusqu'à un millier d’embarcations, dont une bonne partie immatriculée en Catalogne nord, mouillent le long de la pointe la plus orientale de la péninsule espagnole, au creux de criques paradisiaques, également très prisées par les amateurs de plongée sous-marine. Une fréquentation en croissance continue ces dernières années. Pour les experts, la multiplication des ancrages met notamment en danger les herbes de Posidonie et les grandes nacres.
265 bouées à louer
La Generalitat hisse donc le drapeau rouge. Après avoir détruit l’ancien Club Méditerranée qui vieillissait au pied du phare du Cap de Creus, elle a pondu, la semaine dernière, un projet de plan d’usage et de gestion du Parc naturel qui met vent debout les municipalités concernées, les professionnels du tourisme, de la pêche, de la plongée et du nautisme. Bref, la grande majorité des acteurs économiques du territoire.
Mesure phare de ce plan : l’interdiction totale pour tous les bateaux de jeter l’ancre dans une des criques du secteur sauvegardé. Seuls 265 mouillages (des bouées), loués entre 20 et 40 euros la journée, permettront de profiter des lieux.
La faune et surtout la flore marine seraient ainsi mieux protégées, selon les experts mandatés. Une quarantaine de mouillages seraient réservés aux clubs de plongée. La pêche récréative serait aussi sous surveillance, avec un nombre de prises quotidiennes limitées.
« Ce plan est insupportable »
Levée de boucliers immédaite chez les usagers du Parc. Les municipalités de Colera et Cadaquès votent déjà des motions pour le retrait immédiat du plan. D’autres municipalités suivront. « Si ce plan est confirmé, il supposera une rupture définitive entre le Parc naturel et les municipalités et leurs habitants », tempête Joan Figueras, premier magistrat de Cadaquès, au cœur du parc naturel. « Directement ou indirectement, la mer représente 80 % de notre économie. Ce plan est insupportable ».
« C’est un plan dessiné par des bureaucrates dans un bureau à Barcelone. Nous n’avons jamais été consultés. Nous demandons que l’on entende nos besoins et que l’on travaille ensemble sur un plan concerté », ajoute Miquel Gotanegra, représentant du monde économique. La Generalitat doit rendre sa copie définitive le 25 novembre. Avis de tempête en perspective.
Les strictes mesures de réglementation imposées par la Generalitat sur les eaux du Parc naturel du Cap de Creus peuvent-elles inspirer les responsables du Parc naturel marin du golfe du Lion ? Sera-t-il un jour interdit de mouiller au creux de Sainte-Catherine ou de Paulilles sans être amarrer à une bouée ? Pourquoi pas. Même si aujourd'hui aucune interdiction de jeter l’ancre dans les criques de la Côte Vermeille n’est en vigueur, hormis, dans certains lieux très protégés de la réserve marine de Banyuls-Cerbère. « Un de nos objectifs majeurs est la protection du milieu marin », rappelle Gildas Le Corre. « La création de mouillages écologiques est un outil efficace de régulation de la fréquentation, de plus sans impact pour le milieu. Il faut aussi redistribuer le plus équitablement possible l’effort de mouillage et décongestionner certaines criques. Un seul bateau ancré sur une crique dans la journée ça passe, cinq c’est déjà compliqué, mais cinquante c’est catastrophique pour le milieu marin. Cela doit donc faire partie de notre réflexion à moyen terme », conclut le directeur du Parc marin. Qui précise bien que rien n’est décidé dans l’immédiat et qu’il y aura une concertation si besoin.Golfe du Lion : le Parc naturel marin est en réflexion